Alors que la COP29 de Bakou, en Azerbaïdjan, vient de se terminer avec des résultats plutôt mitigés, il est particulièrement intéressant de jeter un œil au Rapport 2024 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions (Emissions Gap Report, en anglais !) publié à la fin octobre de cette année par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE).
Le portrait n’est vraiment pas reluisant !
D’abord, on y apprend que si les conditions ne changent pas, les projections indiquent que la probabilité de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C serait pratiquement nulle. Ces projections estiment que, avec les politiques et les cibles actuelles (celles d’avant la COP29, bien entendu !), la limitation du réchauffement de la planète devrait tourner autour d’un maximum de 3,1 °C au cours du siècle (probabilité de 66 %), avec une (petite) probabilité de 10 % (c’est si peu…) que le réchauffement dépasse 3,6 °C. 3,6 °C !!
En somme, dans tous les cas, d’ici 2050, ces projections anticipent un réchauffement climatique bien supérieur à 1,5 °C et avec une probabilité de l’ordre de 33 % que le réchauffement dépasse déjà 2 °C d’ici là. Sans compter que le réchauffement devrait encore augmenter après 2100, car les émissions de CO2 ne devraient pas encore atteindre le « net zéro » dans le cadre des scénarios actuels. Cela aurait (aura ?) des conséquences graves et irréversibles pour l’environnement et les sociétés humaines.
Bon, quelques faits en vrac issus du Rapport :
- Les principaux gaz à effet de serre (GES) sont le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et l’oxyde nitreux (N2O). Bien que moins répandus, les hydrofluorocarbures (HFC), les perfluorocarbures (PFC) et l’hexafluorure de soufre (SF6) sont également des GES très puissants.
- En 2023, les émissions mondiales de GES ont atteint 57,1 gigatonnes d’équivalent CO2, une augmentation de 5,4 % par rapport à 2022. La Chine est le plus grand émetteur, représentant 30 % du total mondial, suivie des États-Unis (11 %) et de l’Inde (8 %). Le secteur de l’énergie est la principale source d’émissions, contribuant à 36 % du total, la production d’électricité étant le plus grand contributeur individuel.
- Le G20, représentant 77 % des émissions mondiales de GES en 2023, a une responsabilité cruciale dans la réduction de l’écart des émissions. Il est à la fois efficace et juste que les pays du G20 réduisent leurs émissions plus rapidement que la moyenne mondiale.
- Le rapport identifie des potentiels de réduction significatifs dans divers secteurs, notamment l’énergie, l’industrie, les transports et l’AFOLU (agriculture, foresterie et autres utilisations des terres). Le passage à des sources d’énergie renouvelables, l’amélioration de l’efficacité énergétique, la réduction de la déforestation et la promotion de pratiques agricoles durables sont des domaines clés pour l’action climatique.
- Le rapport souligne l’importance cruciale du financement pour combler l’écart des émissions. Les besoins de financement annuels moyens d’ici 2035 pour la mise en œuvre de mesures d’atténuation dans les secteurs clés sont estimés entre 6 et 10 fois supérieurs aux flux financiers actuels.
(P.S. L’image n’est même pas une caricature ! C’est réellement la page couverture du Rapport 2024. Tutto bene, comme ils disent en italien)
Référence
UNEP. (2024). Emissions Gap Report 2024. https://doi.org/10.59117/20.500.11822/46404