Bannissons le gaz naturel dans la nouvelle construction au Québec

7 avril 2021

Lettre ouverte du Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEÉ) : quarante groupes en environnement (dont ACO) s’unissent pour demander la fin du gaz naturel dans les nouvelles constructions.

Bannissons le gaz naturel dans la nouvelle construction au Québec

Montréal, 7 avril 2021 – Le Plan pour une économie verte du gouvernement du Québec (PEV) vise une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 37,5 % en dessous des niveaux de 1990 à l’horizon 2030. Pour ce faire, le Québec doit réduire ses émissions de 29 millions de tonnes de GES. Cependant, le PEV ne prévoit qu’une réduction de 12,4 millions de tonnes, soit 42 % des efforts requis. Il reste beaucoup de travail à faire. Une des manières de nous rapprocher à peu de frais de nos objectifs de réduction de GES est de bannir le gaz naturel dans la nouvelle construction.

Une étude des HEC publiée en janvier 2020 démontre que 79 % des usages du gaz naturel actuels pourraient être convertis à l’électricité. Il est temps d’agir en ce sens et, surtout, de ne pas nuire au ratio en ajoutant des approvisionnements en gaz là où ils ne sont pas nécessaires.

Or, Énergir et Gazifère continuent de raccorder, année après année, des milliers de nouvelles constructions, maisons, logements et commerces qui pourraient, et qui devraient, être chauffés à l’électricité. Ces ajouts de charge annuels en gaz naturel génèrent autant de GES qui auraient facilement pu être évités.

Énergir et Gazifère se félicitent de leur promotion du développement du gaz naturel renouvelable (GNR) pour tenter de pérenniser le rôle du gaz dans notre bouquet énergétique. Cependant, bien que le GNR soit en théorie carboneutre si les moyens de production sont véritablement durables, sa contribution potentielle aux approvisionnements est très limitée. Il est question d’injecter 5 % de GNR en 2025 et 10 % en 2030. Cela veut dire que 90% du gaz brûlé serait toujours d’origine fossile et en très grande majorité de schiste, une énergie sale associée à de fortes émissions de GES. Le GNR ne devrait pas être utilisé pour concurrencer l’électrification des équipements. La commercialisation stratégique du GNR devrait être d’abord et avant tout priorisée pour la gestion de la pointe en demande d’électricité l’hiver et l’alimentation des 21 % des usages industriels qui ne peuvent techniquement être convertis à l’électricité.

D’autres juridictions ont bien compris cet illogisme énergétique et environnemental. En Europe, la France, la Suède et les Pays-Bas ont décidé de bannir le gaz naturel dans la nouvelle construction, même le gaz naturel renouvelable. Plus près de chez nous, des douzaines de municipalités californiennes, telles que San Jose, Berkeley et Seattle, ont aussi décidé de bannir le gaz naturel dans les nouveaux bâtiments. Ce mouvement a gagné la côte est américaine, où plusieurs villes, dont Boston, considèrent adopter de tels règlements.

Les municipalités québécoises détiennent aussi d’importants pouvoirs en matière environnementale. Le 7 novembre 2021, des élections municipales auront lieu. Les élu-e-s auront certainement la capacité de mettre fin au gaz naturel dans les nouveaux bâtiments de leur localité et ainsi contribuer à stopper cette hémorragie environnementale.

Jean-Pierre Finet, analyste en énergie, Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEÉ)*
Franklin Gertler, avocat, Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEÉ)*

*Signataires
Les 39 organismes suivants, dont les huit membres du ROEÉ, cosignent cette lettre ouverte:

Les membres du ROEÉ:
Nature Québec
Fondation Rivières
Écohabitation
Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ)
La Fondation Coule pas chez nous
L’Association madelinienne pour la sécurité énergétique et environnementale (AMSÉE)
Canot Kayak Québec
Regroupement pour la surveillance du nucléaire
 
Et:
Équiterre
Greenpeace Canada
Eau Secours
Action boréale
GRAME (Groupe de recommandations et d’actions pour un meilleur environnement)
Citoyens au Courant
Gazoduq, parlons-en !
Action Climat Outaouais (ACO)
TerraVie – fonds foncier communautaire
Transition Capitale-Nationale
Environnement Vert Plus
Action Environnement Basses-Laurentides
Amis de là Chicot et Conseil régional d’environnement de Lanaudière
Association pour la protection des espaces verts de L’Île-Bizard
Coalition Étudiante pour un Virage Environnemental et Social
Coalition La Pêche pour un New Deal Vert
Comité de vigilance Lanoraie
Comité des Citoyens et Citoyennes Protection de l’Environnement Maskoutain
Comité vigilance hydrocarbures de la MRC de L’Assomption
Comité vigilance hydrocarbures de Lavaltrie
Fabrique de saint Cuthbert
Jardin Bio Mattéo
Le danger de l’insecticide Bti sur la biodiversité
Les Amis de la Chicot de Saint-Cuthbert
Lotbinière en transition
Mobilisation climat Trois-Rivières
Mouvement écocitoyen UNEplanète
NON à une marée noire dans le Saint-Laurent
Prospérité Sans Pétrole
Rive-Sud en transition
MÉPAL

– – – 
À propos du ROEÉ

Le ROEÉ, fondé en 1997, participe activement aux consultations et audiences de la Régie de l’énergie, ou auprès d’autres forums pertinents, afin de défendre de manière efficace le point de vue des groupes et organismes à vocation environnementale dans le domaine énergétique. Les membres du ROEÉ font connaître au grand public les enjeux soulevés à la Régie en les commentant et en sensibilisant sur la question environnementale dans le domaine énergétique. Le ROEÉ est composé de huit groupes environnementaux, soit l’Association madelinienne pour la sécurité énergétique et environnementale (AMSÉE), Canot Kayak Québec, Écohabitation, la Fondation Coule pas chez nous, la Fondation Rivières, Nature Québec, le Regroupement pour la surveillance du nucléaire et le Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ). Ces groupes représentent des milliers de membres individuels et de multiples organisations au Québec. 

ENGLISH VERSION

It’s Time to Ban Natural Gas in New Buildings

Montréal, April 7th 2021The Government of Quebec’s Plan for a Green Economy aims to reduce greenhouse gas (GHG) emissions to 37.5% below 1990 levels by 2030. To do this, Quebec must reduce its emissions by 29 million tonnes of GHGs. However, the plan only provides for a reduction of 12.4 million tonnes, or 42% of the effort required. There is still a lot of work to be done. One good way to inexpensively get closer to our GHG reduction targets is to ban the use of methane or “natural” gas in new buildings.

A HEC study published in January 2020 shows that 79% of current natural gas uses could be converted to electricity. On average, using methane produces 35 times more GHGs than equivalent energy from hydroelectricity. Now is the time act and, most importantly, not to worsen the impact of this unfavourable ratio by connecting new construction to the gas network where energy from burning methane is not needed.

Despite the opportunity to reduce GHGs by choosing electricity, Énergir and Gazifère have been instead connecting thousands of new buildings to gas, such as single-family homes, multi-residential buildings and businesses that could, and should, be heated with electricity. These additions to the annual methane gas load generate GHGs could easily be avoided.

Both Énergir and Gazifère promote the development of renewable natural gas (RNG). They seek to perpetuate the role of gas in our energy mix and what is more, seek government subsidies to extend their networks. However, even if RNG is in theory carbon neutral if the means of production are truly sustainable, its potential contribution to supply is extremely limited. There are plans to inject 5% of RNG by 2025 and 10% by 2030. This means that 90% of the gas burned would still be of fossil origin, most of it being shale gas extracted  by fracking. This is dirty energy associated with high emissions of GHGs. If methane is to be burned at all, RNG should not be used to compete with the electrification of uses. RNG should instead be used on a priority basis to reduce peak electricity demand in winter and to supply the 21% of industrial uses of methane that cannot be converted to electricity.

Other jurisdictions have understood that using gas where electricity can be used is illogical in both energy and environmental terms. Some European countries, like France, Sweden and the Netherlands have banned the use of natural gas in new construction, even RNG. Closer to home, dozens of Californian municipalities, such as San Jose and Berkeley, as well as Seattle, Washington have also decided to ban natural gas in new buildings. This movement has spread to the American East coast, where several cities, including Boston, are considering adopting such regulations.

Quebec municipalities also have significant powers in environmental matters and have an opportunity to show climate leadership now. On November 7, 2021, municipal elections will take place. The elected officials can certainly put an end to natural gas in new buildings in their locality and thus help to stop the environmental hemorrhage.

Jean-Pierre Finet, energy analyst, Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEÉ)*
Franklin Gertler, lawyer, Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEÉ)*

*This open letter is co-signed by the following 39 organizations, including:
The members of the ROEÉ:
Nature Québec
Fondation Rivières
Écohabitation
Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ)
La Fondation Coule pas chez nous
L’Association madelinienne pour la sécurité énergétique et environnementale (AMSÉE)
Canot Kayak Québec
Canadian Coalition for Nuclear Responsibility
 
and
Équiterre
Greenpeace Canada
GRAME (Groupe de recommandations et d’actions pour un meilleur environnement)
Action boréale
Citoyens au Courant
Eau Secours
Gazoduq, parlons-en !
Action Climat Outaouais (ACO)
TerraVie – fonds foncier communautaire
Transition Capitale-Nationale
Environnement Vert Plus
Action Environnement Basses-Laurentides
Amis de là Chicot et Conseil régional d’environnement de Lanaudière
Association pour la protection des espaces verts de L’Île-Bizard
Coalition Étudiante pour un Virage Environnemental et Social
Coalition La Pêche pour un New Deal Vert
Comité de vigilance Lanoraie
Comité des Citoyens et Citoyennes Protection de l’Environnement Maskoutain
Comité vigilance hydrocarbures de la MRC de L’Assomption
Comité vigilance hydrocarbures de Lavaltrie
Fabrique de saint Cuthbert
Jardin Bio Mattéo
Le danger de l’insecticide Bti sur la biodiversité
Les Amis de la Chicot de Saint-Cuthbert
Lotbinière en transition
Mobilisation climat Trois-Rivières
Mouvement écocitoyen UNEplanète
NON à une marée noire dans le Saint-Laurent
Prospérité Sans Pétrole
Rive-Sud en transition
MÉPAL

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