Gatineau, le 8 avril 2025
Réaction d’Action climat Outaouais aux propos du conseiller municipal Marc Bureau recueillis par Mathieu Bélanger du journal Le Droit dans son article Des critiques « fondées, mais injustes » de la part d’Action Climat Outaouais.
Selon Marc Bureau, président de la Commission de l’environnement et de la lutte aux changements climatiques (CELCC) de Gatineau, les critiques du quatrième rapport annuel sur la mise en œuvre du Plan climat d’Action climat Outaouais (ACO), seraient « fondées mais injustes ». La réponse offerte par monsieur Bureau est très décevante pour les membres d’ACO. Mais de quelle type d’injustice pouvons-nous réellement parler ici ?
Le mandat d’Action climat Outaouais est de sensibiliser la population de l’Outaouais aux changements climatiques et aux actions nécessaires pour y faire face. Les membres d’ACO interviennent auprès des autorités municipales, organisent des débats et interviennent dans les médias pour faire connaître leurs observations. Après avoir déposé de nombreuses recommandations lors du développement du Plan climat en 2021, ACO effectue depuis cette date une vigie des activités de la Ville et soumet annuellement un rapport d’observateur qui se veut critique mais toujours sous forme de critique constructive et respectueuse.
Le rapport de 2024 constate que malgré les différentes actions prises dans le Plan climat, les émissions de GES continuent d’augmenter. En matière de lutte contre les changements climatiques, ce ne sont pas les intentions qui comptent, ni les engagements pris. Ce sont les résultats.
Et justement, les constats faits par ACO sur les résultats sont très troublants :
Mais pour qui ces commentaires et surtout ces retards sont-ils vraiment injustes?
Il est très clair auprès des spécialistes que ce sont celles et ceux qui souffrent déjà d’injustices sociales dans nos centre-villes qui seront soumis plus que d’autres aux dérèglements climatiques qui se présenteront suite au réchauffement de la Planète. Celles et ceux qui vivent déjà dans des milieux de vie affectés par des situations « d’îlots de chaleur », de désert alimentaire, de déficit de logement abordable et d’absence de transport en commun de qualité. La qualité du service du transport collectif a, en effet, un impact direct sur le quotidien de plusieurs citoyennes et citoyens qui n'ont pas les moyens ou la possibilité de circuler en automobile individuelle, tout comme l’absence de commerces de proximité et de canopée adéquate dans leurs quartiers.
Pour lutter contre ces injustices, tout en luttant contre les changements climatiques, ACO prévoit poursuivre sa collaboration avec les autres groupes présents, comme lui, sur le terrain, partageant avec eux connaissances et analyses, tout en appuyant leurs actions. Ses membres, tous bénévoles, prévoient poursuivre leurs analyses, rédiger des rapports rigoureux, participer aux séances du conseil municipal, siéger à la CELCC et continuer à interpeller la Ville avec respect et constance.
ACO s’est déjà inscrit auprès du Partenariat Climat Outaouais (PCO) annoncé en 2024 avec la participation du monde des affaires et de certains organismes environnementaux. Nous espérons que cette initiative pourra maintenant s’ouvrir à une participation plus large des organismes communautaires, lors de son débat à l’automne 2025, pour permettre la participation d’organismes et de groupes de l’ensemble de la société et répondre aux besoins de tous.
Car au fond, qu’il s’agisse de plans ou de nouveaux partenariats, le constat demeure implacable : les émissions augmentent. Et tant que la Ville refusera de faire face à cette réalité, de reconnaître l’insuffisance de ses actions, et de mobiliser l’ensemble des forces vives, elle continuera à rater ses cibles et à trahir les engagements qu’elle a pris au nom de ses citoyens et de leur avenir.
Face à la crise climatique. il ne suffit pas de faire quelque chose. Il faut faire ce qu’il faut. Et Gatineau, jusqu’ici, ne le fait pas. La Ville doit revoir son approche, si elle désire atteindre les cibles qu’elle s’est fixées.